top of page

Le bilan carbone désormais obligatoire pour l'industrie audiovisuelle

L'industrie audiovisuelle est aujourd’hui un secteur ultra dynamique et en constante évolution. Avec toujours plus de productions de qualité parmi les séries, les films ou les documentaires, elle a de ce fait un impact environnemental de plus en plus important, car elle est gourmande en énergie et génère une quantité considérable de déchets. Pour répondre à cette problématique, les producteurs audiovisuels sont désormais soumis depuis le 31 mars 2023 à une obligation règlementaire de réalisation de bilan carbone afin de bénéficier des aides du CNC.



Les producteurs d'œuvres cinématographiques et d'œuvres audiovisuelles de fictions ou documentaires doivent désormais fournir un bilan carbone des œuvres au moment de leur demande d’aides au CNC. L’objectif de cette mesure est double : fournir au CNC des données chiffrées sur l’impact carbone des activités de création des œuvres audiovisuelles, mais surtout accompagner la transformation du secteur audiovisuel vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux.


Rappel : qu'est-ce qu’un bilan carbone ?

Le bilan carbone, également appelé "inventaire des émissions de gaz à effet de serre", est une méthode de mesure de l'empreinte carbone d'une activité ou d'une entreprise. Il permet d'identifier les sources d'émissions de gaz à effet de serre, notamment de CO2, et de proposer des solutions pour les réduire. Cette méthode a été développée par l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) en France et est utilisée aujourd'hui par de nombreuses entreprises et organisations dans le monde entier.


Pourquoi les productions audiovisuelles sont-elles soumises à l'obligation de réalisation d'un bilan carbone ?

Selon une étude réalisée par le collectif Ecoprod en 2020, l’empreinte carbone scope 1 et 2 du secteur audiovisuel en France (soit les émissions directes et indirectes liées à l'énergie pour la production, la post-production, la distribution, la projection et la diffusion des œuvres) s’élèverait à 314 825 tonnes d’équivalent CO2 par an. Un chiffre en apparence assez faible mais néanmoins trompeur car cette même étude révèle que l’empreinte carbone complète scope 1, 2 et 3 serait de plus de 10 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit plus de 30 fois plus. Les principaux postes d’émissions sont :

  • La fabrication des équipements (téléviseurs, ordinateurs, tablettes, etc.), dont les émissions sont majoritairement importées et qui comptabilise à elle seule plus de 80% de l’empreinte carbone étendue du secteur ;

  • Le streaming vidéo, lors de la phase “d’utilisation” des productions.

En réponse à ces enjeux environnementaux, le Ministère de la Culture et de la Communication a publié en 2019 une circulaire obligeant les producteurs audiovisuels à réaliser un bilan carbone pour chaque production.

Cette obligation s'applique à toutes les productions, qu'elles soient réalisées par des entreprises de production indépendantes ou par des chaînes de télévision. Les producteurs doivent ainsi réaliser un inventaire des émissions de gaz à effet de serre associées à chaque étape de la production : la pré-production, le tournage, la post-production ainsi que la diffusion.


Comment réaliser un bilan carbone dans le cadre d'une production audiovisuelle ?

  1. Collecte des données : Il est nécessaire de collecter des données sur toutes les étapes de la production, y compris les déplacements, l'énergie utilisée, les équipements utilisés, etc.

  2. Calcul des émissions de gaz à effet de serre : Une fois les données collectées, il est possible de calculer les émissions de gaz à effet de serre associées à chaque étape de la production.

  3. Identification des pistes d'amélioration : en identifiant les principales sources d'émissions de gaz à effet de serre, les producteurs peuvent proposer des pistes d'amélioration pour réduire leur impact environnemental.

  4. Communication des résultats : les résultats du bilan carbone doivent être communiqués aux parties prenantes de la production, y compris les diffuseurs, les sponsors et les équipes de production.


Quels sont les bénéfices de la réalisation d'un bilan carbone pour une production audiovisuelle ?

Outre l'obtention d'aides de la part du CNC, la réalisation d'un bilan carbone pour une production audiovisuelle présente plusieurs bénéfices, tant pour l'environnement que pour l'entreprise elle-même.

Tout d'abord, cela permet de sensibiliser les équipes de production aux enjeux environnementaux liés à leur activité. En prenant conscience des impacts de leur travail sur l'environnement, les équipes peuvent adopter des pratiques plus responsables et contribuer à réduire l'empreinte carbone de la production.

Ensuite, la réalisation d'un bilan carbone peut aider les producteurs à identifier les sources principales d'émissions de gaz à effet de serre et à proposer des pistes d'amélioration. Ces pistes peuvent aller de la réduction des déplacements inutiles, à l'utilisation d'équipements plus économes en énergie, en passant par le recyclage des déchets produits pendant le tournage.

De plus, la communication des résultats du bilan carbone aux parties prenantes de la production (diffuseurs, sponsors, etc.) peut améliorer l'image de l'entreprise en démontrant son engagement en faveur de l'environnement.

Enfin, la réalisation d'un bilan carbone est de plus en plus demandée par les chaînes de télévision et les diffuseurs, qui cherchent à s'engager dans une démarche environnementale. En se conformant à cette obligation règlementaire, les producteurs audiovisuels peuvent donc se positionner comme des acteurs responsables et renforcer leur relation de confiance avec leurs partenaires.


Mais alors, quelles sont les entreprises de production audiovisuelle les plus respectueuses de l’environnement ?

Il est difficile de désigner les producteurs audiovisuels les plus respectueux de l'environnement car il n'y a pas de classement ou de label officiel en la matière. Cependant, certains producteurs et chaînes de télévision ont développé des initiatives pour réduire leur empreinte carbone et contribuer à la transition écologique.

Par exemple, la chaîne française France Télévisions a lancé en 2020 une charte pour la production audiovisuelle responsable. Cette charte, signée par les producteurs, les réalisateurs et les techniciens, s'engage à réduire les émissions de GES lors de la production de contenus audiovisuels, à privilégier les modes de transport les plus économes en carbone, à favoriser les éco-gestes sur les plateaux de tournage et à sensibiliser les équipes à l'environnement. Voici quelques exemples dans l'hexagone et en Europe :

  • La société de production britannique Working Title a mis en place un plan d'action pour réduire les émissions de GES de ses productions. Parmi les mesures mises en place, on peut citer l'utilisation de sources d'énergie renouvelable sur les plateaux de tournage, l'encouragement des modes de transport durables pour les équipes et la réduction de la consommation de papier et d'eau.

  • La chaîne de télévision allemande ARD a lancé un programme de développement durable en 2019 pour l'ensemble de ses productions. Le programme inclut des mesures pour réduire la consommation d'énergie et d'eau, favoriser le recyclage des déchets et sensibiliser les équipes aux enjeux environnementaux.

  • Le producteur français Emmanuel Priou a créé en 2019 la société de production audiovisuelle éco-responsable Vrai Paris Films. Cette société s'engage à réduire l'empreinte carbone de ses productions en utilisant des sources d'énergie renouvelable sur les plateaux de tournage, en favorisant les modes de transport durables pour les équipes et en limitant la consommation de papier et d'eau.

  • La chaîne de télévision française Arte a mis en place un plan d'action pour réduire l'empreinte carbone de ses productions. Parmi les mesures mises en place, on peut citer la sensibilisation des équipes aux éco-gestes, la réduction de la consommation d'énergie et la compensation des émissions de GES non évitables.

  • Enfin, le producteur français Stéphane Millière a créé en 2018 l'association Green Prod, qui vise à accompagner les producteurs dans une démarche de production éco-responsable. L'association propose notamment des outils de mesure de l'empreinte carbone des productions et des formations pour sensibiliser les équipes aux enjeux environnementaux.

Ces exemples montrent que la prise de conscience de l'impact environnemental de la production audiovisuelle est de plus en plus présente et que de nombreuses initiatives sont mises en place pour réduire cette empreinte carbone.


De façon plus générale, quelles-sont les obligations réglementaires en matière d’environnement pour les entreprises audiovisuelles ?

Actuellement, il n'y a pas de lois spécifiques en matière d'environnement qui s'appliquent exclusivement aux entreprises du secteur de l'audiovisuel. Cependant, les entreprises du secteur de l'audiovisuel peuvent être soumises aux lois et règlements environnementaux généraux qui s'appliquent à toutes les entreprises, en fonction de leurs activités et de leur emplacement.

Par exemple, les entreprises de production audiovisuelle peuvent être soumises aux lois et règlements relatifs à la gestion des déchets, à la pollution de l'air, à la pollution de l'eau, à la conservation de l'énergie, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la protection de la biodiversité.

En France, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 et la loi Grenelle II du 12 juillet 2010 encadrent la prise en compte de l'environnement dans les activités des entreprises. Les entreprises peuvent également être soumises à des normes environnementales internationales telles que les normes ISO 14001.

Les entreprises du secteur de l'audiovisuel peuvent également adhérer à des initiatives volontaires en matière d'environnement telles que la Charte de l'environnement du producteur audiovisuel ou encore la Charte de l'éco-responsabilité dans la production audiovisuelle et cinématographique lancée en 2020.


En matière de protection de l'environnement, les entreprises du secteur audiovisuel sont donc dans une démarche majoritairement volontaire. Plus précisément, en matière de gestion de leurs émissions de GES, la démarche M > E > R > C : Mesurer > Eviter > Réduire > Compenser, est toute indiquée.


Comments


bottom of page