Implacables, chaque année, les scolytes ravagent de nombreuses forêts européennes. Cet insecte, encore méconnu du grand public, se répand à toute vitesse. Il impacte sévèrement certains résineux tel que l'épicéa largement présent dans les bois français et première de ses victimes.
Voici quelques images des dégâts dans cette courte vidéo d'introduction
La forêt d'Ormes, en lorraine, est une sylve riche en histoire et ancienne propriété des Ducs de Lorraine située aux portes du Château d'Haroué. Appartenant au patrimoine historique de la région, cette forêt emblématique participe à la protection de la biodiversité de la région grand-Est. C'est aussi de colossales capacités de stockage de CO2 qui sont menacées. Aujourd'hui, la situation est alarmante mais les experts forestiers locaux ont déjà initié un virage dans leurs pratiques sylvicoles, permettant de renouveler durablement ces massifs.
Alors qu'est-ce que le scolyte? Quel est son impact sur le Massif d'Ormes? Il s'agit d'un coléoptère dont la larve se nourrit de la sève des arbres. Ainsi, les adultes percent de petits trous dans l'écorce et viennent pondre leurs oeufs dessous, les larves prolifèrent alors, créent des galeries et se nourrissent de la sève, ce qui empêche l'irrigation du houppier. A partir de là, 15 jours suffiront pour que l'arbre dépérisse. D'ordinaire utile, car il est supposé s'attaquer au bois mort, le réchauffement climatique lui permet de se développer de façon exponentielle car il n'est plus stoppé par les hivers rigoureux, et que les arbres sont d'avantage vulnérables du fait des stress hydriques subit ces dernières années. La conséquence : le scolyte attaque les arbres en bonne santé. Ici, ce sont 70% des épicéas de la forêt qui sont touchés.
Ces arbres secs et affaiblis n'ont quasiment plus de valeur marchande. Cela paralyse les ventes de bois réalisées par le propriétaire, ne lui permettant pas de réinvestir pour reboiser la forêt, c'est l'impasse sylvicole. Conscient de la gravité de l'enjeu, Pierre Aussedat, expert en biens ruraux, a décidé conjointement avec le propriétaire, de reboiser en plantant d'autres arbres : le douglas, le hêtre et le mélèze. Plus résistants, ils sont capables de faire face au réchauffement climatique, mais aussi de stocker une quantité conséquente de CO2. Au delà de cet aspect, un plan de gestion durable va être mis en place, et étendu à tout le massif et pas seulement aux parcelles reboisées.
Ainsi, leur détermination et leur expertise ne pourront porter leurs fruits qu'à la condition de trouver un investisseur alternatif. C'est pourquoi leur projet de soigner leur parcelle mourante a été labellisée par le Label Bas Carbone. Il permet, sur la base du volontariat, de financer ce type de projets locaux dans un objectif de réduction d'émissions de gaz a effet de serre. Ce sont ainsi environ 6 000 tonnes de CO2 qui seront stockées tout en permettant de sauver la biodiversité et de faire intervenir les entreprises locales.
Pour ces passionnées de foresterie, le défi est majeur. Cette forêt est entretenue grâce à de nombreuses techniques écologiques comme la régénération naturelle, le mélange des essences, des âges et des diamètres des arbres, nous explique Philippe Aussedat, propriétaire forestier. La vie de ce poumon lorrain est désormais entre les mains d'investisseurs prêts à stocker ou compenser du CO2 et à s'engager sur le long terme pour soutenir la durabilité du Massif. Dans cette tendance toujours grandissante de respect de l'environnement, dans cette prise de conscience nationale où le développement durable est au cœur de nos décisions, chacun devient acteur, à sa propre échelle. Pourquoi pas vous?
Découvrez le reportage complet et les précisions de Philippe et Pierre Aussedat : www.pierreaussedat.com
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