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Un avenir prometteur pour la forêt de St Geyrac

Dernière mise à jour : 1 juin 2021


Parmi les premiers projets forestiers à s’être vu décerner le Label Bas Carbone par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, ceux du Groupement Forestier de Guichégu sont venus restaurer des parcelles et enrichir la forêt de St Geyrac (proche de Périgueux en Dordogne). Ces projets, comme de nombreux autres en France, permettent aux organisations, entreprises, collectivités ou tout autre financeur potentiel de contribuer directement à la lutte contre le changement climatique. Ces financements, permis par le mécanisme de la compensation carbone volontaire, sont une voie de sauvegarde de ces parcelles en impasse sylvicole.


Où en est-on de cette forêt à St Geyrac?


C’est une forêt qui a subi de plein fouet une tempête en 1999. Dès lors, elle s’est retrouvée déséquilibrée, ayant perdu une partie non négligeable de ses peuplements. Les parties qui ont pu être préservées présentent toujours des séquelles liées à cet incident naturel. Cela a impacté l’environnement tant d’un point de vue paysager, que pour la fourniture de bois à la filière. L’ancien propriétaire des zones les plus touchées (60% de sa surface) a fait faillite. La SAFER a ensuite pris le relai.

Grâce au travail d’un nouveau gestionnaire forestier, à savoir la Société Forestière (filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations), cette forêt a pu être reconstituée intégralement en 2008. Elle a ensuite été revendue en 2015 au Groupement Forestier de Guichégu, dont l'objectif est d’une part, de poursuivre le travail du précédent gestionnaire (suivi des jeunes peuplements) et de l’autre, de renouveler les peuplements plantés en 1975, dorénavant arrivés à maturité (pins maritime de 45 ans principalement). Il s’agit souvent de parcelles biscornues, présentant des trouées et étant peu homogènes.


Le défi pour le Groupement Forestier est double : en premier lieu, installer des peuplements adaptés au changement climatique (choix des essences, mélanges, itinéraires sylvicoles), présentant un bon potentiel de séquestration carbone et produisant un matériau de qualité bois d’œuvre ; en second lieu, revenir à une gestion plus durable en étalant le plus possible les classes d’âge dans le temps (plantations, coupes) afin de préserver les paysages et la biodiversité.


Comment repeupler cette forêt avec l’aide du Label Bas Carbone ?


Lors d’un mini remembrement local organisé par la SAFER, Gwenaël Postec, gérant du Groupement Forestier de Guichégu, s’est retrouvé avec deux parcelles délaissées, comme il y en a pléthores autour. Il a décidé de tester la certification du tout récent Label Bas Carbone pour développer deux projets répondant aux méthodologies proposées : l’un de boisement (prairie agricole délaissée) et l’autre de reboisement (taillis de châtaigniers dépérissants).


Le principe du Label Bas Carbone est de favoriser la mise en œuvre de projets locaux non-rentables séquestrant une grande partie de CO2 (des critères socio-environnementaux sont également pris en compte dans l'évaluation). Le Label Bas Carbone permet, sur la base du volontariat, de financer des projets durables qui n’auraient pas pu voir le jour sans cette contribution. Ces deux projets labellisés en décembre 2019, feront l’objet d’un audit de certification au bout de 5 ans, garantissant qu’ils sont bien conformes quant au potentiel de séquestration carbone annoncé.


Quels choix pour le montage de projets forestiers ?


La première étape consiste à déterminer les essences les plus adaptées à la station pédoclimatique (c'est-à-dire au type de sol et au climat). La difficulté actuelle est que le climat change où l’on plante pour une durée de 40 à 150 ans. Le risque est donc majeur car il est quasiment impossible d’anticiper les conditions climatiques à des échéances aussi lointaines. Les gestionnaires forestiers, en pleine incertitude, sont donc amenés à adapter leurs projets sur un long terme imprévisible. Dans ce cas, on cherche à limiter les risques en s’appuyant sur les retours d’expériences, sur la résistance au stress hydrique mais encore plus aux canicules. Sur ces sols pauvres, le pin maritime et le pin taeda étaient les meilleurs candidats : ils poussent rapidement (40 ans), résistent bien à la sécheresse et procurent du bois d'œuvre recherché par les industriels.


Et au-delà de la séquestration carbone elle-même?

Ces projets visent à optimiser la séquestration carbone forestière des sols sous-jacents, mais pas seulement. En effet, le Groupement Forestier de Guichégu a souhaité organiser une plantation de feuillus de bordure de la voirie forestière, qui ont vocation à perdurer, “ad vitam aeternam”. Elle enrichira la biodiversité, en introduisant des fruitiers sauvages, servira de pare-feu et pare-vent et embellira les balades des promeneurs, nombreux dans la région.

Le Label Bas Carbone a prévu, dès l’origine, d’estimer et de comptabiliser les cobénéfices liés au projets labellisés. Ces cobénéfices sont sociaux-économiques : implication d’entreprises locales de travaux forestiers (ETF), adhésion à une certification de gestion durable (PEFC), localisation du projet non loin d’une agglomération (Grand Périgueux). Ils interviennent aussi dans la préservation des sols : en incitant à des techniques de sauvegarde et de conservation (labour en bandes, maintien de la prairie, …).


En outre, le Groupement Forestier de Guichégu laisse de l’ordre de 5% de sa surface en “milieux associés”. Ce sont des zones délibérément laissées en évolution naturelle, ayant vocation à être des sanctuaires de biodiversité C’est dans cette optique que ces projets labellisés, au-delà de simplement séquestrer du carbone, cherchent à avoir un impact plus global en incluant des cobénéfices. Une gestion forestière durable inclut de fait le maintien de la biodiversité.


Quel avenir pour ces projets?


Ces projets prometteurs et écologiques ont été choisis par différents financeurs publics et privés dans le cadre d’une démarche volontaire, bien que des obligations réglementaires apparaissent dorénavant pour les collectivités territoriales. Au total, ce sont ainsi 740 tonnes équivalent CO2 qui ont été labellisées sur ces deux projets. Les Réductions d'Émissions Empreinte (REE) représentent la quantité de CO2 séquestrée par la forêt reconstituée, le stockage du carbone dans les produits bois selon leur durée de vie, mais aussi les émissions évitées grâce à l’utilisation du bois en substitution aux matériaux énergivores et aux énergies fossiles. Ces REE seront vérifiées et quantifiées 5 ans après le lancement du projet par un organisme certificateur indépendant.


L’émergence du Label Bas Carbone a ainsi contribué à la pérennité de ces parcelles au cœur de la forêt de St Geyrac, tout en permettant aux financeurs de compenser l’intégralité ou une partie du CO2 qu’ils ont émis. Cette démarche a déjà été engagée par de nombreux acteurs proactifs et sensibles aux problématiques liées à l’environnement. Il est très probable que le financement de projets tels que ceux de la forêt de St Geyrac s’inscrive dans une tendance nationale, rapprochant ainsi les grandes organisations des enjeux locaux et durables.


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