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Les maladies du châtaigner, causes, symptômes et traitement

Dernière mise à jour : 17 sept. 2021



Le châtaignier, nous offrant ces fruits prisés de tous, est en réel danger depuis quelques années. Rien de surprenant : le dérèglement climatique et l'action humaine en sont les principaux responsables. Les forêts dépérissent de plus en plus, nous laissant seuls, avec une perte colossale de bois et de châtaignes. Au-delà de la question existentielle : comment allons-nous survivre sans crème de châtaignes et sans marrons glacés? il est important de se demander quels sont les causes de ce dépérissement qui nous font courir ce risque. Evidemment, les écosystèmes et la biodiversité dans lesquels s'inscrivent les châtaigniers sont lourdement affectés, et ce partout en France, dans des petites comme dans des grandes exploitations forestières.


De nombreuses forêts font face à ces risques et plusieurs d'entre elles se retrouvent dans l'impasse sylvicole ; l'enjeu est majeur. Lorsque l'une d'entre elles est directement impactée, la première des solutions est de limiter la propagation, ce qui ne peut pas toujours être fait à temps. C'est pourquoi, comme pour la châtaigneraie de Plougoumelen, l'objectif est de replanter avec des essences plus résistantes et adaptées au nouveau climat. Si certains groupes forestiers ou certaines collectivités ont la capacité de financer un reboisement durable, tous n'ont pas ce pouvoir.


Afin de préserver les écosystèmes localement, les propriétaires ont besoin d'un support financier. C’est pour cela que le Label Bas Carbone permet aux acteurs qui souhaitent compenser leurs émissions de financer volontairement des projets tels que ceux-ci, dans le but d’atteindre l’exemplarité climatique. Le reboisement de ces terres représentent des puits de carbone considérables, pour le moment laissés à l'abandon.


Le châtaignier nous accompagne partout, dans le bâtiment, dans nos maisons, dans la décoration jusque dans les meilleurs pots de nos grands-mères. Il est plus que temps de s'investir, à notre propre échelle et en fonction de nos moyens afin d'endiguer ce dépérissement. Nombreux sont les projets de boisement et de reboisement labellisés bas carbone qui font surface. Les acteurs économiques peuvent donc s'investir localement dans ces projets, les financer, les suivre et les intégrer à leur politique RSE. D'autant plus que, pour les vergers, il existe une Méthode permettant déjà aux porteurs de projets de labelliser leur reboisement.


Avant de découvrir les causes du dépérissement (la maladie du chancre, le cynips du châtaignier ainsi que la maladie de l'encre, découvrons le châtaignier dans son ensemble (données de l'IGN) :


- Appartient à la famille des Fagacées (8 genres : Hêtre, Chêne, Châtaignier) – Grands arbres avec un fruit recouvert d’une coque dure (le péricarpe)

- Présent sur tout le territoire français (un peu moins dans le Nord-Est de la France)

- 900 000ha de forêts et 10 000ha de vergers

- N’aime pas l’altitude car a besoin de chaleur. Son ennemi naturel numéro 1 : le calcaire.

- S'adapte plutôt bien à son environnement

- A besoin d’une terre acide et est en majorité implanté sur des sols pauvres

- Moyenne de 16m de hauteur

- Durée de vie entre 100 et 300 ans, certaines souches réticentes à dépérir peuvent atteindre les 1000 ans.

- Se situe à 93% dans des forêts privées (exploitations forestières)

- 8e essence la plus productive en bois de France, avec une croissance annuelle de 4,8M de m3 pour une mortalité très importante (1,6M de m3)


Maintenant le tour d'horizon effectué, découvrons ces 3 facteurs qui se montrent intraitables avec le châtaignier français. Voici une description des principaux ravageurs du châtaignier en France. Vous y découvrirez leur origine, leurs symptômes ainsi que les traitements potentiels à envisager :


La maladie du chancre (Endothia) - Maladie fongique présente chez le châtaignier


Causes : Ces chancres sont présents depuis de nombreuses années en France. Ils ont aussi ravagé une grande partie des châtaigniers aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Ils sont d’origine fongique (causés par des champignons). Les spores se propagent avec le vent et s’introduisent dans l’écorce. La contamination est rapide, virulente, surtout si l’arbre infecté est déjà affaibli.

Symptômes : Rougissement et apparition de points orange. Les taches se développent rapidement sur le tronc et les branches. L’écorce s’affaiblit sur les zones attaquées. A terme, la branche malade meurt au-dessus du point de chancre. Les chancres peuvent détruire un arbre entier, s'ils s'attaquent au tronc ou à plusieurs grosses branches mais ces cas restent rares. Le chancre n’est en général pas la seule cause de mortalité des arbres. Il est souvent un facteur qui participe au dépérissement. C’est le cas dans de nombreuses forêts françaises, notamment dans la forêt de Brossac en Charente.


Traitement : La solution la plus répandue est de couper et brûler la branche attaquée. Dans les cas complexes où l'épidémie est trop forte, il est préférable de couper la tige car le bois sera moins exploitable à terme. L’objectif étant d’optimiser la production. Un virus qui régule le chancre est présent partout en France depuis les années 1990. grâce à lui, et avec le temps, les vieux arbres vigoureux devraient cicatriser. Une solution pour les vergers est de replanter de nouvelles essences plus résistantes à la maladie.

La prophylaxie* reste tout de même le meilleur moyen d'éviter la propagation.

(images des dégâts du chancre sur le châtaignier)



Le cynips du châtaigner - L’insecte parasite originaire de Chine (hyménoptère* de moins de 3mm)


Causes : Le cynips vient pondre des œufs dans les bourgeons (en dormance) des châtaigniers. Les larves déposées hivernent avant de prendre leur envol au début de l’été. C’est pour cela qu’il est difficile de détecter les symptômes en amont. En avril, les larves forment des galles pour se nourrir, jusqu’au départ des insectes adultes, prêts à pondre de nouveaux œufs sur d’autres arbres. C’est la méthode de prolifération du cynips.


Symptômes : Les feuilles et fleurs sont directement impactées. Elles se déforment. Le développement de l’arbre est ralenti, ce qui perturbe grandement la floraison et la fructification. On constate d’ailleurs une chute de 50 % à 70 % de la production de châtaignes lorsque le châtaignier est infecté par le cynips. L’insecte est aussi capable, dans certains cas, de faire entièrement dépérir l’arbre. Le Cynips est l’un des principaux problèmes sanitaires du châtaignier à l’échelle mondiale. Il est apparu en France depuis une dizaine d’années et a fait de lourds dégâts. Aujourd’hui, il reste une menace pour le châtaignier même s’il impacte davantage les récoltes de châtaignes (en s’attaquant au fruit) que sur la mortalité des arbres.


Traitement : Il existe deux méthodes souvent complémentaires : il faut d’abord envisager la prophylaxie, être préventif avant la possible arrivée du cynips. Malheureusement, il est déjà bien répandu sur le territoire français. Chercher à s’adapter en amont reste la meilleure des solutions pour éviter l'installation et la prolifération du parasite dans les châtaigniers. Au-delà de ces actions, il existe aussi la méthode de lutte biologique intégrée qui consiste à lâcher des guêpes asiatiques, des parasitoïdes (Torymus sinensis) là où le cynips est présent. Ces prédateurs naturels vont parasiter les larves et empêcher le pullulement du cynips. Il faut à peu près 8 ans pour réguler la population du cynips de son milieu. Cependant, il est possible d’obtenir d’excellents résultats dès 3-4 ans.

(Photos du cynips s'attaquant au châtaignier)


La maladie de l’encre : La plus grande problématique pour les châtaigniers en France


Maladie intraitable qui s’attaque à de nombreuses essences, particulièrement au châtaignier et au chêne, où elle s'avère destructrice.

Qu'est-ce que c'est ? Un micro-organisme, proche d’un champignon, nommé Phytophthora et responsable du dépérissement du châtaignier. Le pathogène sévit en France depuis la fin du XIXe siècle et a eu un fort impact jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce problème est majeur en France, notamment en Île-de-France, où le châtaignier est la seconde essence la plus présente.


Causes : Les Phytophthoras se déplacent dans l’eau en propageant des spores dans les sols. Ils apprécient les milieux hydromorphes*, facilement saturés en eau stagnante (argileux, tassés...). Ces spores s’infiltrent dans les racines de l'essence. Cela crée une encre noirâtre, d’où son nom. Une fois les racines d’un arbre infectées, les autres arbres autour ont de grandes chances de l’être à leur tour. C’est ainsi que des forêts entières se retrouvent rapidement envahies.

Le retour de cette maladie est quasi intégralement dû au réchauffement climatique. “Un hiver doux, un printemps pluvieux et le champignon peut proliférer. Puis un été de sécheresse finit d'achever l'arbre. Avec moins de racines, il ne peut plus aller puiser l'eau plus profondément. L'arbre meurt et menace de chuter”, déplore Michel Béal, directeur Ile de France Ouest de l’office national des forêts. C’est pour cela que depuis le début des années 2000 (encore plus depuis les 5 dernières années), le parasite s’installe sans trop de difficultés dans les sols français. Puisqu’il est thermophile*, le dérèglement climatique l’aide à accélérer son expansion.


Les symptômes : L’addition est lourde pour les châtaigniers. Lorsqu’ils sont attaqués, l’encre se propage et détruit le système racinaire de l’arbre. Quand les racines sont touchées, cela impacte fortement la croissance des arbres. S’en suivent tous types de symptômes : nécroses de couleur brune à noire sur les racines, nanification des feuilles, pousses chétives, coloration anormale du feuillage (jaune, rouge), feuilles marcescentes, dessèchements de rameaux, mortalités de branches, nécrose cambiale, dépérissement total de l’arbre, nous explique le Département de la Santé des Forêts. C’est ce qui touche par exemple la forêt de Montmorency (Val-d'Oise), qui risque de perdre 20% de ses arbres déjà très malades, soit plus de 200 hectares. Une centaine d’hectares a déjà été coupée en urgence pour endiguer la maladie. Aujourd’hui, c’est 34% des peuplements de châtaigniers franciliens qui sont touchés par ce micro-organisme.

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Le traitement : Il n’existe encore aucun traitement pour limiter ou stopper la prolifération du parasite. C’est pour cela que les forêts se retrouvent sous une épée de Damoclès. Il faut donc être vigilant et constamment chercher à prévenir une potentielle attaque. Lorsqu’une aire est contaminée, elle ne peut être sauvée, laissant l'essence livrée à elle-même.

Cependant, des coupes peuvent être réalisées pour limiter sa propagation (tout en évitant les coupes trop fortes qui font remonter la nappe et les tassements des sols). Ensuite, le forestier peut envisager de replanter des arbres moins sensibles au Phytophthora.

Il faut surtout limiter le stress hydrique et analyser régulièrement les conditions du milieu. La solution la plus commune est “d’éviter l'introduction des Phytophthoras en choisissant des plants de qualité non infectés, en favorisant les plants en racines nues (moins de terre), sur sol bien drainé et en privilégiant des porte-greffes résistants (pour les vergers), si c’est possible. Tout transport de terre à partir de zones contaminées est à bannir.”, nous explique l'Avenir Agricole de l'Ardèche. Un autre point serait d’instaurer des cloisonnements ainsi que du débardage sur sol ressuyé.

(Photos des symptômes de l'encre sur le châtaignier)


Un espoir dans tout cela?

Récemment, la maladie de l’encre est suivie grâce à la télédétection, un procédé nouveau qui utilise les données satellitaires pour suivre les forêts à l'aide de photos précises et de grande qualité. Par exemple, le satellite Sentinel-2 permet de vérifier rapidement l’évolution de la maladie dans la forêt de Montmorency, le tout gratuitement. Ils utilisent donc le processus de Machine Learning*. C’est l’ONF qui s’est chargé de contracter avec le DSF, l’INRAE et le CNPF pour trouver une solution rapide afin d'endiguer certaines contaminations dans le pays. Le procédé fonctionne de cette manière :

1 - Analyse de placettes par les forestiers

2 - Passage et prise de photos du satellite

3 - Confrontation des relevés de terrains aux images satellitaires.

4 - Second contrôle sur le terrain pour affiner le diagnostic


(Cartographie de la forêt domaniale de Montmorency (95) - agriculture.gouv.fr)



L’exploitation de cette essence reste particulièrement importante pour de nombreux acteurs en France, tant pour les vergers de châtaigniers que pour le forestier. Nous vous inviterons à découvrir ce thème plus en détail lors d’un prochain article. Seront évoquées les méthodes d’exploitation, les enjeux liés à son futur, notamment la non-exploitation de nombreuses parcelles due à un mitage* toujours plus problématique.






Glossaire :


- Machine Learning : technologie permettant à une machine d’analyser et d’apprendre par elle-même sans avoir été conçue spécialement pour cet apprentissage. Plus la machine analyse des données, plus elle améliorera ses performances.


- Mitage : Dissémination de propriétés dans des zones rurales.


- Hydromorphie : période plus ou moins longue dans laquelle le sol est engorgé. En découle une privation de l'oxygène.


- Hyménoptère : groupe d’insectes disposant de deux paires d’ailes membraneuses. On y retrouve les abeilles, les guêpes ou encore les bourdons.


- Prophylaxie : mesures utilisées pour prévenir une ou plusieurs maladies.


- Thermophile : micro-organisme qui se développe mieux à des températures élevées (50-70°).




Sources :

IGN - Inventaire Forestier (2017) - Le châtaignier

Iris Makoto (09/04/2021) - Gerbeaud - Châtaignier

Clémentine Desfemmes (14/10/2019) - Gerbeaud - Les chancres

C. Robin - INRA (23/09/2019) - Ephytia - Le chancre du châtaignier

Office National des Forêts (26/02/2021) - Île-de-France : les châtaigniers sous surveillance spatiale

Département de la Santé des Forêts (05/09/2019) - Ephytia - La maladie de l'encre du châtaignier

Marine Chailloux - France Bleu Paris (25/09/2019) - La maladie de l'encre menace les châtaigniers de la forêt de Montmorency

Mylene Coste - L'Avenir Agricole de l'Ardèche (08/10/2020) - Encre du châtaignier : comment reconnaître la maladie ?

Nicolas Borowiec et Lisa Brancaccio - INRAE (01/04/2016) - Torymus sinensis

Nicolas Borowiec - INRAE (09/03/2018) - Journée Nationale "Cynips"

Nicolas André - Fredon Occitanie - Le Cynips du châtaignier

ADA France (2015) - page 11 - Bulletin annuel

Chambre d'Agriculture d'Ardèche (30 septembre 2014) - Cynips du châtaignier et apiculture

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