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Quel bilan pour la compensation carbone sur 2021 ?

Après une année mouvementée, la compensation carbone a été au cœur des discussions liées à la transition écologique mondiale. Lorsque les acteurs ont compris que la neutralité carbone ne pouvait être atteinte sans l’apport de la compensation, les débats ont pris de l’ampleur, surtout en Europe. Et il y avait de quoi !

Pour bien comprendre l’envers du décor et anticiper les prochaines évolutions du marché, voici quelques chiffres clés sur la compensation carbone en 2021. Faisons le bilan.


Un marché toujours plus grand :

La compensation carbone volontaire a connu une ascension fulgurante lors de ces 12 derniers mois. Pas moins de 300 millions de tonnes ont été échangées, pour un montant total de 1 milliard de dollars. Les engagements des pays ayant participé à la dernière COP de Glasgow confirment la très certaine augmentation des tonnes carbone échangées dans les années à venir. Nombreux d’entre eux ont annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone au plus vite (2050 pour la France).


Le temps presse ; d’autant que les technologies de réduction et d’évitement des émissions de gaz à effet de serre sont encore insuffisantes pour rattraper ce retard. La compensation paraît être l’alternative idéale. Une conséquence à cet engouement planétaire ?


Une hausse des prix :

Autant sur le marché obligatoire que sur le marché volontaire, les prix flambent. Et ce n’est pas près de s’arrêter. Ont été atteint les 74 €/T sur le marché des quotas carbone européens, contre les 30€/T en décembre dernier. De même pour le marché volontaire qui enregistre une moyenne de 17€/T.


Comment est-ce possible ? D’une part grâce à la hausse de la demande des organisations, Etats ou particuliers cherchant à compenser leurs émissions. De l’autre par la diversification des types de projets éligibles aux labels de compensation. Nous sommes passés de projets concernant en majorité les déforestations évitées (REDD+) à des projets de boisement, de reboisement, mais aussi d’autres activités. Enfin, les financeurs s’attachent à des projets locaux, de qualité et apportant des co-bénéfices.


En France, le Label bas-carbone sous les projecteurs :

Seul label de compensation français, son objectif est de faire compenser les organisations françaises sur leur propre territoire. En 2021, il a rassemblé plus d’une centaine de projets, pour 300 000 tonnes carbone à échanger.


De nombreux acteurs lui font confiance, le Ministère de la Transition écologique (MTE) lui apporte tout son soutien, ce qui lui permet de monter en puissance. Il attend 1 million de tonnes l’an prochain et 3 d’ici fin 2022. Bien qu’il reste loin des cadors internationaux, le Label bas-carbone peut tirer son épingle du jeu en proposant des projets à haute valeur environnementale et sociale. C’est pour cette raison que l’Union européenne envisage de s’inspirer du LBC dans le but de créer un label de compensation européen.


Enfin, le LBC propose une nouvelle approche, qui va au-delà du secteur forestier. Régulièrement, des Méthodes bas carbone sont approuvées et mises en vigueur par le Label. Elles concernent d'autres secteurs tels que le bâtiment, l’agriculture, les transports… (Liste des Méthodes bas-carbone). Depuis sa création, 10 d’entre elles ont été validées, et une vingtaine est encore à l’étude.

Une chose à retenir, l’offre est en forte hausse.


Et du côté de la demande ?

Elle non plus ne déroge pas à la règle. A la suite des dernières annonces internationales, la compensation carbone a le vent en poupe. Les organisations françaises sont de plus en plus motivées à compenser leurs émissions volontairement. Celles-ci ont acheté plus de 11 millions de tonnes en 2021. Petit problème : la quasi-totalité de ces émissions ont été échangées hors France, pour un prix moyen de 5,4€/T.


On espère tout de même un revirement de situation grâce à la montée en puissance du Label bas-carbone. Même si les prix des projets français sont plus coûteux (environ 30€/T), les entreprises françaises ont tout intérêt à compenser sur leur territoire. Pourquoi ?

  • Les projets reçoivent une certification rigoureuse, garantissant leur qualité et leurs co-bénéfices

  • L’organisation participe au développement économique du pays et aux objectifs de neutralité carbone à l'horizon 2050

  • Elle soutient des projets proches de son site de production, et contribue ainsi dans sa propre chaîne de valeur

  • Elle aide à la préservation des territoires français

  • Elle fortifie la confiance avec ses clients et partenaires en évitant les risques de mauvaise presse


Un avenir (radieux ?) pour le Label bas-carbone :

Afin de faire grandir son protégé, le MTE a pour objectif de créer un fond d’amorçage d’1 million de tonnes carbone pour recevoir les financements des entreprises. La demande ne fait que grimper. On estime qu’en 2050, la demande des entreprises françaises sera de 10 millions de tonnes carbone. Les compagnies aériennes, par exemple, n’auront d’autre choix que de compenser les émissions générées par leurs vols intérieurs (en France comme en Europe). Ces émissions représentent l’équivalent de 2 millions de tonnes carbone par an, un chiffre qui donne de l’espoir aux porteurs de projet français.

De plus, l’arrivée des Jeux Olympiques de Paris en 2024 peut être une aubaine pour le LBC. En effet, un budget de 4 millions d’euros a été alloué à la compensation carbone. Pourquoi le LBC pourrait devancer ses concurrents ? Il est tout d’abord français, ce qui est un argument qui pèse dans la balance. Il est surtout en avance par rapport aux autres dispositifs de compensation européens.


Croisons les doigts pour que Paris évite de compenser à l’autre bout du monde avec le prix d’une tonne équivalent à celui d’une barre chocolatée.


Un futur en demi-teinte, les enjeux du LBC :

Bien qu’il puisse être la prochaine référence en matière de compensation carbone locale, le LBC va devoir faire face à quelques problématiques.

Les projets demandent une grande rigueur administrative pour recevoir les certificats du LBC, contrairement à de nombreux pays émergents, où le prix de la tonne carbone est bien moins élevé. Il y a fort à parier que les exigences du Label s’intensifient, donnant naissance à des projets de grande qualité, en incluant un maximum de co-bénéfices. C’est la demande de diverses ONG. Compenser, certes, mais de la meilleure manière qui soit.


Malheureusement, certains acteurs craignent que la charge administrative et l’intransigeance du Label découragent les porteurs de projets à déposer leurs dossiers. Il va donc falloir trouver des solutions pour faciliter l’accès à l’obtention du Label, tout en gardant leur crédibilité aux yeux des acteurs du marché.


Enfin, le Ministère de la Transition écologique, qui s’occupe de la gestion du Label bas-carbone, est parfois dépassé par cette évolution si rapide. C’est ainsi qu’il a récemment décidé de déléguer les dossiers aux DREAL régionales afin de faciliter l’analyse des dossiers. Bien que Barbara Pompili ait promis 30 millions d’euros pour développer le Label bas-carbone, de nombreuses questions persistent : suivi, audits de certification et contrôles, traitement comptable et fiscal, cessibilité des crédits carbone. C’est promis, nous vous tiendrons au courant des futures avancées du marché et des dispositifs de compensation.


 

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